LOUIS BOUGLÉ

(1/5) Du vélocipède à Toulouse-Lautrec...

 

     Natif d'Orléans en 1864, Louis Bouglé passa une grande partie de sa jeunesse aux États-Unis. Ses nombreux voyages et séjours outre Manche et Atlantique lui permirent de maîtriser parfaitement la langue de Shakespeare au point qu'il  écrivit   nombre de ses articles en anglais. 

        Il était aussi un fervent du sport cycliste qu'il cultiva avec succès comme coureur, entraîneur et chroniqueur sous le pseudonyme de L.B. Spoke (nous sommes à la fin du 19ème siècle et le cyclisme commençait à percer en tant que sport dans la société française). Il fréquentait donc assidûment les vélodromes et particulièrement le Buffalo à Paris alors dirigé par l'auteur Tristan Bernard.

        Il devint le représentant en France des chaînes à vélo anglaises "Simpson" et possédait un commerce de cycles sur le Boulevard Haussmann à Paris. C'est d'ailleurs à cette occasion, en 1896, qu'il passa commande à Toulouse-Lautrec d'une affiche vantant les fameuses chaînes. Le peintre Henri de Toulouse-Lautrec était lui-même fasciné par le mouvement, les sports d'une façon générale et le vélo en particulier.    

  

Au second plan de cette célèbre affiche de Toulouse-Lautrec, il est possible de distinguer la silhouette imposante de Tristan Bernard à coté de celle de L.B. Spoke, alias  Louis Bouglé.

 

        Le goût précieux, sûr et raffiné de Bouglé pour les sports n'excluait pas une grande admiration pour les choses de l'art, et il fit partie de la pléiade qui se passionna pour la jeune école de peinture et qu'enthousiasmèrent les oeuvres de Toulouse-Lautrec, son ami, à une époque où il était bon ton d'en contester la valeur. Ainsi l'artiste "croqua" par deux fois le sportsman ("Bouglé en canotier" et "Bouglé en casquette") avant d'en faire le portrait en 1898 (huile sur bois). 

                                  Bouglé en canotier
                                        Bouglé en casquette
           

 

Louis Bouglé

        

            Puis en 1900, un fait pour le moins cocasse se produisit. Témoin cet article paru en 1902 dans "Le Vélo":  

    "Un sportsman français, qui courut comme amateur - très peu - comme professionnel - beaucoup, non par intérêt, mais par passion sportive - sous un pseudonyme anglais, a fait sa fortune au jeu. Le coureur gentleman avait, il y a deux ans, gagné un million aux cartes. Depuis, le magot a dû grossir, à moins que... A moins que, réalisant son rêve, il ne se soit retiré à la campagne, au bord de quelques cours d'eau bien poissonneux. Car le rêve de ce joueur effréné - au calme jupitérien - était de gagner un million pour se retirer aux champs et y satisfaire sa passion de la pêche!"  

 

            Et Bouglé combinait en effet depuis fort longtemps d'autres passions: la pêche à la truite et au saumon, et... les concours de lancer...

  

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