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Louis Bouglé

Et ainsi, Bouglé se livra avec ardeur, méthode et compétence à notre sport favori. Fâcheuse victime d'un procès verbal sur la prestigieuse rivière l'Andelle et dégoûté de ce qu'il considéra comme une injustice, voire une opprobre, il parcourut l'Europe à la recherche de rivières et sensations sans cesse renouvelées. Pour preuve ces deux permis de pêche qui, parmi d'autres, attestent de l'engouement qu'avait Bouglé pour sa passion. Plusieurs articles de journaux de l'époque mentionnent des parties de pêche avec les "fines mains" du moment: Skues, Halford, et notamment Alec Phil Decantelle qui raconta plus tard et d'un air amusé sa première rencontre avec Bouglé.

Une vrai carte d'identité que ce permis belge: il ne manque que la couleur des yeux !

Quatorze jours de pêche au Royaume-Uni sur la Wye...

Fort de l'intérêt que suscitait la pêche à la mouche, Bouglé alla jusqu'à en proposer des règles de bienséance. Ainsi fit-il paraître dans l'Annuaire Officiel du Casting Club de France:

Donnez le bon exemple en observant les lois et arrêtés relatifs à la pêche. Si quelque infraction vient à être en votre présence, n’intervenez pas directement ; avisez plutôt les autorités compétentes et les Sociétés de pêche.

Ne commencez pas à pêcher à proximité d’un autre pêcheur; prenez un intervalle d’au moins deux cents mètres ; si la rivière est peu large, ne vous placez pas vis-à-vis d’un pêcheur occupant la rive opposée.

N’entrer dans l’eau qu’autant que vous ne risquez pas d’incommoder ceux qui pêchent de la rive.

Lorsque vous vous déplacez en suivant le bord de l’eau, avancez avec précaution et à distance suffisante pour ne pas effaroucher le poisson.

Décrochez d’une main légère tout poisson qui n’atteint pas le minimum de taille prescrit, et remettez-le à l’eau sans brutalité : traitez-le « comme si vous l’aimiez », ainsi que parle le bon Walton.

Certains pêcheurs conservent le premier poisson pris, si petit soit-il : « Cela porte chance », disent-ils ; d’autres s’excusent de rapporter quelques poissons de dimensions par trop réduites en alléguant que ceux-ci avaient été fortement endommagés par l’hameçon, qu’ils « avaient saigné », etc. ; n’abusez pas de ces prétextes.

Recherchez la taille plutôt que le nombre des captures ; surtout n’allez pas confondre une partie de pêche avec un concours et vous piquer de rapporter plus de pièces que les autres n’en pourront montrer ; toute compétition de ce genre est d’un goût détestable et indigne d’un véritable sportsman.

Offrez, au besoin, le secours de votre épuisette ou de votre gaffe, mais faites grâce au pêcheur de tout conseil sur la manière d’y amener son poisson.

Ne refusez pas de montrer la mouche que vous venez d’employer avec succès; offrez-en même, au besoin, quelques exemplaires si vous en êtes passablement approvisionné.

Rétribuez convenablement les services des gardes, porte-épuisettes, bateliers, etc., sans oublier pourtant que toute largesse excessive tendra à augmenter les exigences de ces professionnels aux dépens des amateurs qui surviendront après vous.

Dans une pêche publique, ayez des égards pour les autres pêcheurs: ce sont des confrères jouissant d’un droit égal au vôtre et capables, en mainte occasion, de vous fournir des renseignements utiles.

Dans une pêche privée, vous devrez, en outre des prescriptions légales, observer les règles et usages spéciaux établis par le propriétaire, locataire ou Club.

Informez-vous du nombre et de la taille des poissons que vous pourrez conserver ; ne dépassez pas les limites du cantonnement qui vous aura été assigné ou que vous aurez choisi. Peut-être sera-t-il interdit de pêcher à la descente, d’entrer dans l’eau, d’employer certains types de mouches artificielles; soyez fixé sur ces divers points et comportez-vous en toute occasion avec la plus grande discrétion possible.

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