Alec-Phil  DECANTELLE

(2/4)  De la pêche de loisir aux concours de lancer...

     

         A la suite de son séjour en Angleterre, Decantelle rentra au service d’une compagnie anglaise de navigation à Boulogne-sur-Mer, puis fut rapidement promu directeur de l’agence de Paris.

 

   

            Lorsqu’il vint habiter la capitale, en janvier 1904, cela bouleversa complètement ses habitudes de pêche et il lui fallut se réadapter à son niveau milieu. Son premier soin fut de visiter les marchands d’articles de pêche en commençant par les frères Wyers, dont il était déjà client pour leurs devons à saumon « Reflet » et leurs mouches « Alerte » dont le double ardillon était selon lui une innovation intéressante. Il vit leur voisin Moriceau, qui avait surtout une clientèle de pêcheurs au coup, et quelques petits marchands des quais qui se bornaient à vendre des asticots et des vers de vase. Enfin, il découvrit la petite boutique de « Pêcheur Breton », qui était alors rue de Caumartin, puis celle, plus petite encore, du père Bissery, 3 rue de Rome. Il en fut émerveillé car il n’avait jamais vu, même à Londres, un si grand nombre de beaux articles de pêche réunis dans un si petit espace. Il y avait là les principaux modèles de cannes de Hardy, de Farlow, de Payne, de Mills, des moulinets de toutes marques et un choix invraisemblable de leurres.

           

 

 

 

 

Decantelle en décroche une belle à La Bonneville (Normandie)

      Cette prospection lui permit de constater qu’à Paris, les pêcheurs sportifs n’étaient qu’une infime minorité et qu’il n’y avait guère que deux maisons où il avait quelque chance de les rencontrer. Petit à petit, il finit par obtenir les renseignements utiles sur un grand nombre de rivières à truites. Aussi, en même temps que Decantelle découvrit un certain nombre de secteurs de pêche plus engageants les uns que les autres, dans un périmètre proche tout d’abord (la Seine, la Marne, l’Oise), puis éloigné (la Risle, la Loue, l’Allier, les Gaves, etc.), il fit la connaissance d’un bon nombre de « grandes figures » de la pêche.

      Ainsi rencontra t-il entre autres Louis Bouglé, Henry de France, Emile Beaumé, Tuckermann, Léon Seutin, René Orlhac, Perry et le prince d’Arenberg, qui, à l’instar des anglo-saxons, fut l’instigateur et le promoteur des compétitions de lancer de pêche sportive.

 

             Decantelle en fera le récit bien plus tard dans un article de « La Pêche Indépendante » tirée d’une série intitulée « La pêche à la belle époque » :

 

                    Les premiers concours de lancer :

Le Prince Pierre d'Arenberg

« C’est au début de 1909 que fut créé à Paris, sous l’impulsion du Prince Pierre d’Arenberg, le Casting-Club de France, association similaire au Casting-Club d’Angleterre, dont les premiers concours de lancer, accueillis d’abord avec réticence, avaient obtenu un plein succès.

Le nouveau club avait son siège social dans un local de l’Automobile-Club, Place de la Concorde où le travail d’écriture était assuré par Debut, un pêcheur de saumons que j’avais déjà rencontré le long des rives de la Canche.

Les réunions officielles se tenaient place de la Concorde, mais Pierre d’Arenberg avait pris pour habitude de convoquer de temps en temps quelques amis pêcheurs dans son hôtel particulier de la rue de la Ville- l’Evêque, et, tout en fumant des cigarettes anglaises et en buvant un whisky-soda, servi par un laquais en grande tenue, on discutait pêche.

           C’est ainsi que je fus invité un soir et, dans le salon, je retrouvais la plupart des sportifs que j’avais connus à Saint-Hubert ou le long des rivières. Il y en avait quelques autres, comme Gaston Menier, qui était encore à l’époque, propriétaire de l’île d’Anticosti ; Wiessmann, un soyeux de Lyon et Lucien Perruche, préparateur de chimie à l’Ecole Polytechnique.

Au début, l’ambiance était un peu « collet monté », mais d’Arenberg sut mettre chacun à l’aise et, en peu de temps, l’ambiance était devenue celle du bord de l’eau.

Louis Bouglé, secrétaire général du nouveau club à qui d’Arenberg avait passé la parole ce soir là, expliqua alors en détail le but du Casting-Club de France et annonça le premier concours de lancer, qui aurait lieu au Bois de Boulogne sur le terrain choisi du Tir au Pigeons, concours qui durerait plusieurs jours.

Quelques notoires pêcheurs sportifs, anglais et belges, ayant déjà promis de venir, le Prince d’Arenberg demandait à ceux qu’il avait convoqués ce jour-là, parce qu’il les considérait comme l’élite des pêcheurs sportifs français, de vouloir bien répondre à son appel pour assurer le succès de la manifestation projetée.

Comme le plupart des présents, je promis, et c’est ainsi que je commençai mon entraînement pour le premier concours de lancer...

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Halieutikos